02 juin 2006

Le carnaval de Patras

C'est Kyros qui a trouvé la photo de la semaine dernière, mais... je ne me souviens plus... peut-être l'ai-je aidé quand il est passé dans mon bureau pour bidouiller l'ordinateur. Original le défilé des Evêques (en violet), façon Fellini Roma. En revanche Barcelone joue en bleu et rouge, pas de violet donc. Mini Véga n'est pas une spécialiste de foot. La photo est floue par inadvertance, pris avec un Coolpix (bien vu le pro)avec une pose trop longue et donc du "bougé".
Il faut ajouter qu'à Patras (capitale culturelle de l'Europe cette année) les défilés sont organisés par établissements scolaires (ne pas confondre avec écoles de samba)et que les élèves d'une même classe s'habillent tous de la même façon (violet et rouge pour cette classe-là).
La photo de cette semaine est bien abstraite mais sachez que c'est un accessoire que certains utilisaient chaque jour, il n'y a pas si longtemps.


Platon et les images
Platon n’aimait pas les images. Il les jugeait même comme une sacrée arnaque, une sorte de trompe l’œil permanent qui permettait aux faussaires de faire passer les vessies pour des lanternes, bref, qui permettait aux filous d’abuser de la confiance des spectateurs. On s’interroge beaucoup sur cette branche de la philosophie platonicienne, le mythe de la caverne : une histoire assez curieuse de prisonniers attachés depuis qu’il sont nés dans une caverne bien sombre, sans pouvoir tourner la tête (et donc se voir les uns les autres), avec des marionnettes qui passent en hauteur devant leur champ visuel et dont les prisonniers ne distinguent que les ombres à cause du faible éclairage à contre-jour… et les voix des montreurs de marionnettes réfléchies par l’écho des parois (tout ce qu’il y a de plus banal en sorte). Et là surprise ! Si un prisonnier sort de cet enfer, il croira que la « réalité » est fiction et jurera que sa fiction de marionnettes est la « réalité ». Reconnaissons que la démonstration est un peu étonnante.
Seulement puisqu’on parle de réalité, il faut savoir ceci (on ne reprochera pas à Platon de ne pas l’avoir su) : Si on place devant les yeux d’un observateur une lentille qui inverse l’image, tête en bas, droite gauche, le pauvre homme verra alors tout à l’envers. Mais si on poursuit l’expérience, après une durée de trois jours il rétablit de lui-même le sens initial. Notre œil ne fonctionne donc pas comme un instrument optique, mais plutôt comme un ordinateur à qui on donne des informations et qui s’en arrange pour restituer une « impression », une représentation cohérente. Cela donne à penser quant à la notion de réalité !
Deux citations pour conclure :

« Nous sommes en effet sortis de ce monde du symbole immédiat, et rentrés dans celui de la représentation : alors que l’artiste « primitif », à chaque fois qu’il « se tourne vers une expérience pour la signifier, […] rencontre du sens, […] des symboles qui peuvent s’articuler pour donner de l’objet une présence signifiante qui n’emploie rien que l’apparence visible de l’objet »(Y. Bonnefoy), au contraire, depuis l’expérience grecque classique de l’art, l’apparence nous est apparue » (compte rendu de lecture d’un ouvrage de Marie-José Mondzain)

« En un sens, l’image religieuse constitue sans doute le prototype de l’image en général, parce que l’image en général ne naît que de l’absence de ce qu’elle représente » J. J. Wunenburger