Euro-vision sans visage
La photo de la semaine dernière représente une superposition de vagues se fracassant sur des rochers un jour de tempête dans les Cyclades (Grèce). De nombreux petits bouts d'image (plus de 200) ont été collés, en les faisant tourner, en choisissant le lieu opportun de la surface de la photo pour donner un résultat presque abstrait.
L'image de cette semaine n'est pas trafiquée. Il s'agit d'une seule photographie brute prise à Paris sur les bords de la Seine. A vous de trouver où. Plus généralement, pour ceux qui ne connaissent pas bien Paris, de trouver ce qu'elle représente.
Euro-vision sans visage
Une révolution vient d'avoir lieu dans le microcosme de la chanson officielle. Le vainqueur du grand prix de l'eurovision n'est ni une beauté gesticulante en minijupe avec quatre minets comme faire valoir, ni un belâtre ringard distribuant à qui veut l'entendre ses "I love you" à faire pleurer dans les chaumières du cercle polaire au sud de la Méditerranée. C'est Lordi, un groupe de Hard Rock Metal qui a cette particularité étonnante : toujours apparaître masqué. La dépersonnalisation totale, au point même qu'on "soupçonne" qu'il y a une fille (peut-être deux) et que ce groupe a fait l'objet (en Grèce) d'attaques de la part de mouvements "anti sataniques".
Qui aurait pu penser que l'Europe, dans un bel ensemble (ils finissent avec 50 points d'avance) porterait ses suffrages sur des candidats aussi excentriques ? Qui aurait pu croire, à l'époque de la "starisation" à outrance, du culte fanatique de la personnalité que ces vainqueurs n'auraient pas de visage ?
On peut dire que les enfants ont voté pour des chanteurs qui ressemblent à leurs jouets, ou encore pour des héros monstrueux de BD nordiques, façon "Seigneur des Anneaux", on peut dire que tout le monde était saturé de messages amoureux à l'eau de rose, d'une débilité affligeante (mais toujours en anglais) cela n'explique pourtant pas tout et surtout le revirement de mentalité depuis l'année dernière (dont je rappelle ici le titre de la chanson lauréate : "You are my number one"). Lordi parle lui d'"arockalypse", de terrasser les faux prophètes, que les fous seront les rois... bref, il ne joue pas dans la même cour et laisse les bons sentiments sirupeux au magasin des accessoires.
On peut avancer aussi que les masques laissent la place aux imaginations, qu'en prenant le contrepied des avalanches de visible, le non montré génère la création à notre seule mesure dans nos petits cerveaux fertiles. En clair qu'on a besoin de ne pas voir pour imaginer, et que, ces derniers temps, on a peut-être trop vu...
Il est parfois des petites réactions qui font chaud au coeur. La révolte (à l'échelle du monde de la chanson) des téléspectateurs de l'eurovision doit donner à penser, à ceux qui pensent pour nous, que parfois le public qu'on croit moutonnier peut briser ses chaînes et revendiquer autre chose que le romantisme anachronique qu'on lui impose. Avant que Lordi ne soit complétement récupéré par le Bizness, que l'Eurovision 2007 ne voie éclore des floppées de marginaux opportunistes, saluons tout de même ces jeunes (je doute que le troisième âge vote beaucoup à l'Eurovision) qui ont décidé de ne pas forcément marcher sur les traces bordées de fleurs qu'on a dessinées pour eux.
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