Les paparazzi ou le mal consenti
Le mot ne s’emploie qu’au pluriel. Il provient d’un film de Fellini La Dolce Vita dans lequel le photographe d’un journal « people » se nomme Paparazzo.
Dans la majorité des cas, un article dans un journal « à scandales » est le fruit d’un contrat entre le journal et la vedette représentée signé par l’intermédiaire d’un agent. La vedette a droit de veto sur les images et touche généralement un pourcentage sur les ventes en échange de l’exclusivité pour le journal (mariage de J.P. Belmondo). Les choses se gâtent parfois quand un indiscret s’invite à la fête et revend à un autre journal des photos volées. La vedette l’attaque alors pour « atteinte au respect de la vie privée » alors que cette même vie privée est divulguée sous contrat juteux dans un autre magazine.
Il y a un troisième cas contre lequel il est surprenant que les associations de consommateurs ne se soient pas élevées : celui des fausses photos volées. Un journal fait croire à ses lecteurs que le reportage a été pris à l’insu des personnages photographiées (images floues, mal définies comme très recadrées, très longues focales), alors qu’il s’agit en fait d’une mise en scène. Un contrat a préalablement été établi et les vedettes sont intéressées aux bénéfices. On peut alors parler d’escroquerie ou même d’abus de confiance.
Quelle que soit la sympathie ou l’antipathie développée face aux paparazzi, certaines vérités restent indéniables :
-Les vedettes ont besoin qu’on parle d’elles, même en mal parfois, pour exister.
-Il y a une grande hypocrisie à se prétendre harcelé tout en signant des contrats avantageux avec des journaux à scandales qui dévoilent sa vie privée.
-Dans tous les cas de figures, le personnage photographié émerge financièrement gagnant, soit lorsqu’il signe un contrat avec le journal, soit lorsqu’il attaque la publication pour atteinte à sa vie privée.
Conclusion : avant de faire tenir aux paparazzi le rôle de bouc émissaire, interrogeons-nous plutôt sur le pourquoi de cette profession et la chaîne de bénéfices qu’elle draine dans son sillage… également sur la pérennité d’une pratique que personne n’a jamais vraiment souhaité éradiquer.
Illustration : La Dolce Vita (Federico Fellini), Tazio Secchiaroli (Paparazzo)
<< Home