Euro-vision sans visage (suite)
Début d'un article du journal Le Monde du 02/06 :
Le monstre de l’eurovision a un visage
Une photo publiée, acte jugé blasphématoire par des dizaines de milliers de fidèles, une pétition rageuse, un appel au boycottage, des menaces contre un magazine, des renforts de police devant la rédaction, les excuses officielles du journal...
Une gigantesque protestation, une pétition de 200 000 signatures, rien qu'en Finlande... tout ça pour une photo (ancienne de surcroît) du vrai visage de Tomi Putaansuu, le chanteur de Lordi. Voilà que les médias se fourvoient dans des contresens dramatiques. Pensant satisfaire ses lecteurs en dévoilant le caché, le journal attire les foudres de tous ceux (largement majoritaires semble-t-il) qui ne veulent pas le voir.
Le mystère doit rester mystère, voilà ce que nous disent les signataires de la pétition, et même si le chanteur est identifiable, on ne doit pas violer son anonymat. Pour garder sa force le mythe ne lâchera rien. Pas question de rabaisser Lordi au rang de la banalité, voire de l'anonymat des chanteurs de l'eurovision. Même quand on sait qu'un personnage, en chair et en os, se cache derrière ce masque, on préfère l'oublier, presque l'ignorer pour ne conserver que la magie du fantastique.
Pour aller plus loin on peut avancer que le spectateur qui s'intéresse à une image se moque pas mal de sa référence dans le réel... ou encore que la photographie se libère de son objet. L'image du monstre n'a de sens qu'en elle-même, aucune figure humaine ne doit venir la troubler. C'est ce message du public que le journal n'a pas compris en misant sur le scoop de la révélation d'identité : Au diable la réalité pour qu'on puisse croire à nos fictions.
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