Images et religions
« Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l'Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux… »
Voilà qui apporta de l’eau aux moulins iconoclastes et pourtant… les religions se passent difficilement du rituel, et le rituel est une représentation, bien que la liturgie nous martèle que la divinité n’est pas de l’ordre du visible.
Force est de constater que l’iconoclasme, qui prend sa source dans la bible, touche aux trois religions monothéistes. En 730 l’empereur Léon III interdit l’usage d’icônes du Christ, de Marie et de tous les Saints. Il ordonne même leur destruction ce qui entraîna nombre de réactions, dont celle de Jean Mansour qui classa l’Islam parmi les hérésies. La conséquence en fut que les partisans des icônes (iconodoules) accusèrent les iconoclastes de « penser comme des Arabes ». Cela semble vrai si l’on ne généralise pas à l’Islam ou l’imagerie religieuse est importante dans le monde persan, les empires ottoman et moghol. De plus, il semble que le refus des images d’une partie de l’Islam n’ait pas de raisons religieuses, comme il en avait pour le Christianisme. Ce serait pour se démarquer du monde de Byzance et enrayer ainsi un processus de conversion au Christianisme, tout en rejetant le luxe outrancier des empereurs, que l’Islam en vint à rejeter les représentations. D’ailleurs, à partir du moment où le monde islamique n’est plus menacé dans son existence, les classes sociales marchandes musulmanes réclament des figurations sur les objets qu’elles commercent.
La destruction des statues géantes de Bouddha en Afghanistan par les Talibans, si choquantes qu’elles puissent être pour l’histoire de l’art, ne doivent donc pas faire oublier qu’il n’y a pas si longtemps les protestants anéantirent bon nombre de statues chrétiennes, les Byzantins défigurèrent les représentations paganistes de la Grèce et de Rome et que l’iconoclasme est, dans ses fondements, davantage un phénomène chrétien qu’islamique.
Iconoclasme pendant la Réforme protestante
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