29 novembre 2006

La vision des couleurs : leçon de relativité

Grand sujet difficile à traiter car la vision des couleurs n’est jamais absolue. Un exemple : lorsqu’on place un verre filtrant bleu devant l’œil d’un observateur (lunettes de soleil), il verra tout en bleu dans un premier temps. Assez rapidement (quelques minutes) les couleurs reprendront leur place comme si le filtre n’était pas là et l’observateur percevra à nouveau les nuances de couleurs. Cette adaptation humaine ne se retrouve pas dans la photographie et la source lumineuse qui éclaire la scène photographiée est d’une importance cruciale car les films (et les capteurs numériques) sont équilibrés pour des sources bien précises. L’œil ne perçoit pas ces différences d’illuminants. C’est la fameuse WB (white balance, balance des blancs) des appareils numériques qui permet de « caler » l’image en rapport avec la source lumineuse. Pour l’argentique, la correction se fait avec des filtres dont l’usage, assez délicat, se révèle toutefois indispensable.
L’œil fonctionne avec trois canaux, comme un écran, comme une diapositive : bleu, vert, rouge. Le dysfonctionnement d’un des canaux s’appelle daltonisme. Il n’y a donc pas un, mais des daltonismes, selon le canal défaillant. Cette affection est très importante chez la population masculine (8%) et quasi inexistante chez la féminine (0,45%). Un article sera consacré à ce phénomène, avec des tests, la semaine prochaine. On ne sait jamais, vous êtes peut-être un daltonien qui s’ignore ?
Il semblerait que le cerveau tende toujours, naturellement, vers une certaine neutralité des couleurs. Le fameux test de la vision soutenue d’une orange qui provoque ensuite, en fermant les yeux, une sorte de vision négative du fruit bleu (la couleur complémentaire de l’orange) parle de lui même. Comme si une excitation dans une direction colorée entraînait une compensation par une excitation dans la direction opposée, la somme des deux étant la neutralité, le gris. De même les couleurs réputées « allant ensemble » sont, indépendamment des phénomènes de mode, presque toujours des couleurs proches des complémentaires. Sur le croquis, le bleu est complémentaire du jaune, le vert du magenta et le rouge du cyan.
La vision humaine est un mixage bien mystérieux de physiologique et de psychologique, ainsi la mémoire joue un rôle fondamental pour le rétablissement des nuances de couleurs. Personne ne peut dire si l’on voit tous les couleurs de la même façon (laissons les daltoniens de côté). Le fait de nommer une couleur bleue ne signifie en rien que l’on voie tous le même bleu mais que la couleur observée se nomme « bleue » pour nous, ce qui n’est pas du tout similaire. (suite la semaine prochaine)

Illustration : synthèse additive des couleurs