28 mars 2007

Ex voto en cire représentant une oreille

La semaine dernière, exceptionnellement, personne n'a trouvé tant était difficile cette énigme grecque. Imaginez une porte vitrée (jusque là vous suiviez) et, depuis l'intérieur, un miroir collé sur la vitre (avec de la colle jaune) et vous avez la solution. Reconnaissons que le cas n'est pas banal mais les villes modernes possèdent parfois le charme d'une esthétique qui échappe à tous les canons répertoriés. Un autre registre cette semaine. Il ne suffira pas de deviner la matière, mais surtout l'objet et son utilité. Cette image ressemble à un "schmilblic" des années 70. Souvenirs, souvenirs... A la demande générale, je donne un plan plus large du mystère de la semaine dernière. Vous apprécierez l'esthétique. Il s'agit de la vitre de gauche (avec rotation de 90°).

Le Louvre des sables : Abou Dhabi

Le Ministre de la culture vient de signer, le 6 mars 2007, un accord entre la France et l’Emirat d’Abou Dhabi permettant la construction d’une annexe du musée du Louvre.

Ce qu’il faut savoir quand on parle de cette annexe future (2012) du Louvre:

Le Louvre est le musée le plus visité du monde avec 6,9 millions de visiteurs en 2004. Il possède 300 000 œuvres dont seulement 35 000 sont exposées. Les quatre premières années, le Louvre prêtera 300 œuvres par rotation, pour deux ans et assurera 4 expositions temporaires par an qui rapporteront 150 millions d’euros. Le Louvre d’Abou Dhabi devrait rapporter 1 milliard d’euros à la France dont 150 millions d’euros payés dans moins d’un mois. Le bâtiment, confié à l’architecte Jean Nouvel, est entièrement payé par le pays hôte. Tout l’argent récolté par l’opération ira dans les caisses des Musées de France afin de permettre de nouvelles acquisitions et d’améliorer la conservation des œuvres.

Les réactions ne se firent pas attendre en France : à l’annonce de la création de ce musée, une pétition est apparue dans le périodique La tribune de l’art, signée par 4700 conservateurs, archéologues, historiens de l’art et particuliers. Le texte met l’accent sur le fait que les musées ne sont pas à vendre, sur la préférence du prêt gratuit (quand on connaît le prix des transports d’œuvres d’art) plutôt que la location fort chère.

Il serait bon de rappeler ici comment les grandes collections nationales se sont constituées. Pour l’art antique, il est reconnu que, dès la fin du XVIIIème siècle, les grandes puissances de l’époque se sont livrées à un véritable pillage des antiquités ou, lorsqu’il ne s’agissait pas de vols, à des achats peu scrupuleux dans des pays ignorant la notion même de patrimoine, tout occupés qu’ils étaient à leur survie et à celle de leurs populations. Quand ce ne sont pas des achats à des marchands peu fiables qui recyclaient les trouvailles de fouilles clandestines sauvages. L’expédition de Napoléon en Egypte en fut un des plus fameux exemples mais ce ne fut pas le seul. Toutes les forces militaires coloniales se servaient allégrement dans les pays de leurs champs d’action. Ainsi le Bénin, par exemple, se vit spolié de pratiquement toute sa sculpture en bronze, très apprécié en Europe à cette époque.

Sans revenir sur le passé colonial trouble de l’Angleterre, de la France, ou même de la Russie, force est de constater que les conservateurs ont la mémoire un peu courte en écrivant : Sur le plan moral, l’utilisation commerciale et médiatique des chefs-d’œuvres du patrimoine national, fondements de l’histoire de notre culture et que la République se doit de montrer et de préserver pour les générations futures, ne peut que choquer (…) Contre près de 1 milliard d’euros... N’est-ce pas cela "vendre son âme" ?

Si l’on comprend bien l’esprit, les conservateurs se prononceraient donc pour la restitution de toutes les œuvres acquises de façon peu orthodoxe depuis le XVIIIème siècle, au nom des « fondements de l’Histoire des cultures ». Pourtant personne n’y fait allusion. La pétition s’achève ainsi : « Que l’on puisse rêver d’un monde où circuleraient librement les hommes et les biens de consommation est légitime. Mais les objets du patrimoine ne sont pas des biens de consommation, et préserver leur avenir, c’est garantir, pour demain, leur valeur universelle. »

Deux remarques s’imposent :

- Il n’a jamais été question de vendre quoi que ce soit à quiconque dans le cas du Louvre mais de prêts contre rétribution.

- Cela ne dérange personne, en France, que les grands musées se soient constitués, dans le passé, par le biais d’actions mercantiles souvent troubles. Une fois les œuvres acquises, l’argent devient tabou. On se réfugie alors sur la notion de «patrimoine national», d’autant plus litigieuse que bon nombre d’œuvres ne sont pas françaises.

Il est à remarquer que cette pétition adopte, sur le sujet, un point de vue particulièrement isolé. Notons au hasard quelques réactions dans la sphère internationale de l’art :

Selon le journal anglo-saxon de référence Art Newspaper (8 février), « La critique française contre le prêt d’œuvres relève d'une conception irréaliste de l'économie des musées. Une conception chauvine, qui envisage ces prêts comme une perte pour la France plutôt que comme une opportunité pour ceux qui reçoivent ces oeuvres et ceux qui les prêtent».

Neil MacGregor, Directeur du British Museum, dit dans une interview à Libération :
Il faut prendre garde à ne pas fixer les oeuvres dans le cadre d'une propriété et d'un lieu uniques. Est ainsi posée la mauvaise question qui est celle de propriété des oeuvres. Elle va à l'encontre de l'appartenance au patrimoine de l'humanité, et enclenche un réflexe de fermeture.

Il est évident aujourd’hui que la valeur (pas seulement financière) d’une œuvre d’art est fonction de son aura médiatique. Plus une toile ou une sculpture seront vues, plus on en parlera et plus le musée de sa provenance s’en trouvera favorisé. Se renfermer à l’intérieur de ses frontières, c’est oublier une autre notion devenue prépondérante pour l’art, celle de l’humanité. Les sociétés se sont transformées ces dernières décennies, les peuples se mélangent, la demande de culture est de plus en plus universelle. La connaissance devient une valeur essentielle. Dans cet esprit-là, la circulation des œuvres d’art devient incontournable et même si, symboliquement, Abou Dhabi n’est pas le meilleur exemple d’une ouverture populaire, cet exemple ne pourra que montrer la voie. L’Etat français, on l’espère ardemment, prendra garde de ne pas restreindre ces prêts aux meilleurs payeurs.

La semaine prochaine nous examinerons la question de savoir quel sens prend aujourd’hui la restitution par les musées des œuvres réclamées par leurs pays d’origine.

Illustration : le projet du Louvre d'Abou Dhabi de Jean Nouvel

21 mars 2007

Dos d'un miroir collé sur une porte vitrée



Un lac salé asséché par un soleil brûlant avec le sel qu'on y ramasse pour la photo de la semaine dernière. PhB a découvert l'énigme après quelques tâtonnements et je donne l'image d'ensemble du lac, vue d'hélicoptère, ce qui permet de replacer le détail dans son contexte. Des formes bien étranges cette semaine, dotées de couleurs chaudes qui vont vous inspirer, j'en suis sûr. Qui vous ont même tellement inspirés que vous avez trouvé trop vite, en m'obligeant à changer d'image. Pour cette dernière, on fait moins les malins je sens... dans le bon sens et garantie sans retouche. Il faut savoir être patient : je donnerai des indices si rien ne sort (assez probable).

La photographie selon Baudrillard

«Créer une image, ça consiste à ôter à l'objet toutes ses dimensions une à une : le poids, le relief, le parfum, la profondeur, le temps, la continuité et bien sûr le sens. C'est au prix de cette désincarnation, de cet exorcisme, que l'image gagne ce plus de fascination, d'intensité.» Jean Baudrillard - la Transparence du mal (1990)

La question s’est posée récemment pour la peinture, certainement influencée par les débuts de la photographie. L’image comporte pourtant trois fonctions principales : informative, idéologique et esthétique. Elles sont toutes trois critiquables mais ont régenté toute l’histoire de l’art depuis les origines. L’informatif englobe le souvenir et les événements. L’idéologique a régenté la grosse majorité des images jusqu’à la Renaissance. L’image reste utilisée encore aujourd’hui pour promouvoir toute pensée religieuse et généraliste. Le décoratif, et plus généralement l’esthétique, est universel depuis l’Antiquité à quelques rares exceptions de périodes religieuses iconoclastes.

Le mal que dénonce Baudrillard, ce manque de « fascination » et « d’intensité », provient du développement tout azimut d’images dans notre environnement. Il le dit clairement :

« C'est plutôt l'indifférence qui domine devant les photos d'information. Elles sont devenues trop familières pour nous toucher. Nous sommes accoutumés. Il nous en faut toujours plus. La prolifération des images est telle qu'on a franchi un seuil critique qui interdit un décodage véritable. » La faute en incombe donc davantage à la multiplication qu’à l’essence même de l’image. Phénomène uniquement culturel et pas définitif ni même philosophique donc. Nous l’avons déjà écrit dans ce blog : sans éducation picturale une image ne signifie rien pour personne. Le sens que nous donnons aux images n’est pas inné mais se constitue grâce à un apprentissage bourré de référents auxquels il reste difficile d’échapper.

Que doivent donc être les images, selon Baudrillard, déchargées de toutes ces fonctions qui les entravent ?

« Elles doivent d'abord être délestées de cette surcharge politique, esthétique, d'information. Il faut un transfert poétique pour être ému. Il faudrait que le contenu puisse laisser à l'imagination le moyen de se frayer un chemin dans l'image. Je pense surtout à des images brutes ».

Faudrait-il donc faire abstraction, oublier même nos références culturelles ? Cela reste une illusion pour la simple raison qu’il nous serait alors impossible de lire un magazine, de voir un film en le comprenant, de faire un croquis pour expliquer un fonctionnement. Bref cela reviendrait à ne plus utiliser d’images et surtout il nous faudrait les remplacer. Par quoi ? Les mots peut-être… qui pourtant, eux aussi, débordent de sens. Alors, on enlève leurs sens aux mots aussi ? S’il reste vrai que les images contemporaines veulent souvent nous conduire brutalement dans une direction trop précise, au mépris des interrogations et du cheminement qu’elles pourraient générer, dire qu’il faut « un transfert poétique pour être ému » nous fait irrémédiablement retomber dans des référents culturels et donc aussi dans du sens. Les brillants raisonnements conduisent parfois à des apories mais saluons ici Baudrillard pour son mérite à se pencher sur des questions difficiles, mal résolues par nos pensées cartésiennes.

14 mars 2007

Lac asséché à Chypre

Pour faire référence à la mort de Baudrillard, on ne peut pas dire que ces images mystérieuses hebdomadaires souffrent d'un excès de sens, du moins au moment où je les présente. Le sens c'est vous qui le trouvez. Cette semaine, vous n'avez ni échelle, ni d'ailleurs aucun contexte qui permet de vous raccrocher à du connu. Alors bonne chance.
Comme je l'ai dit dans les commentaires, la photo de la semaine dernière était ancienne et hollandaise. Le dragage du port d'Amsterdam, ou plutôt son résultat. De quoi donner du baume aux coeurs des défenseurs de la nature... en supposant que, trente ans plus tard, la photo aurait été radicalement différente. Je donne ici l'image complète, encore plus désolante...

Baudrillard restera encore longtemps parmi nous, virtuellement

Jean Baudrillard nous a quittés la semaine dernière et a ainsi permis à ses partisans et détracteurs de s’exprimer de nouveau. Sa provocation de « La guerre du Golfe n’a pas eu lieu », quelques jours après un premier article : « La guerre du Golfe n’aura pas lieu » n’aura pas été du goût de tous. Mais ses réflexions sur les médias, le virtuel, le sens des images resteront au-delà des modes et des shows médiatiques. Il faisait partie des grands penseurs généralistes de notre époque, capable aussi bien de disserter sur la séduction ou la mort, de développer une théorie de l’histoire, d’écrire sur la société de consommation ou de se lancer à corps perdu dans la photographie. Dans un monde aussi pointu, le côté « touche à tout » peut énerver. Baudrillard est critiqué par les spécialistes des domaines qu’il englobe. Comme tous les penseurs médiatisés, il devient victime de sa propre image, victime du système qu’il avait lui-même dénoncé. On demande le point de vue de Baudrillard sur la guerre du Golfe, sur le 11 septembre, sur l’art, la politique. On en fait une référence, comme un symbole de la pensée contemporaine. Et Baudrillard répond mais il n’est pas compris. On le traite d’intellectuel délirant, de penseur fou jamais en phase avec le terrain, d’apolitique quand il refuse de prendre parti, de réactionnaire quand il dénonce l’esprit de gauche. On lui reproche de cultiver cette originalité qui fait parler de lui, de devenir dérangeant par habitude, de prendre le contre-pied de la pensée commune, presque par fonction. Il se justifie :

"Ce qui peut faire échec au système, ce ne sont pas des alternatives positives, ce sont des singularités. Or les singularités ne sont ni bonnes ni négatives. Elles ne sont pas une alternative, elles sont d'un autre ordre. Elles n'obéissent plus à un jugement de valeur ni à un principe de réalité politique. Elles peuvent donc être le meilleur ou le pire. On ne peut donc les fédérer dans une action historique d'ensemble. Elles font échec à toute pensée unique et dominante, mais elles ne sont pas une contre-pensée unique — elles inventent leur jeu et leurs propres règles du jeu."

Comme pour Barthes, Foucault, Derrida et Deleuze avant lui, le monde scientifique atteste que personne ne peut plus demeurer pertinent en embrassant des domaines aussi nombreux et larges. La philosophie ou la sociologie généraliste auraient donc vécu pour être remplacées par des études aux sujets bien définis et donc spécialisés. Et pourtant, combien de lecteurs et d’auditeurs ont pu être séduits par ces artistes de l’argumentation brillante et des théories s’échappant des sentiers battus pour naviguer dans d’autres sphères bien tentantes.

Nonobstant toutes les critiques, Baudrillard présente l’immense mérite d’avoir travaillé sur un domaine essentiel de notre monde en pleine évolution : le réel et le virtuel. Et ceci par rapport aux images, aux médias et même aux pensées (« le vrai en vient à être effacé ou remplacé par les signes de son existence. ») Avec Guy Debord et sa Société du spectacle, il annonce la disparition du réel, en donnant cette version tellement contestée : « En fait, cela renvoyait pour moi au problème très général de la réalité, attendu que la réalité n'est rien d'autre qu'un principe. Le « Principe de réalité », la réalité objective et le processus de reconnaissance qu'elle appelle, disparaissent en quelque sorte (…) Cette base spectrale nous mène, d'une certaine façon, au virtuel, et à tous ces mondes où règnent la virtualité. »

Quant à sa disparition dont beaucoup d’articles, cette dernière semaine, raillent la réalité, ce n’est pas faire injure à cet immense penseur que de dire qu’il avait dû s’y préparer depuis longtemps : « On essaie d'aller de plus en plus vite, si bien qu'en fait, on est déjà arrivé à la fin. Virtuellement! Mais on y est quand même. » Entretien publié dans la revue Le Philosophoire n°19.

La semaine prochaine nous essaierons de cerner les rapports de Baudrillard à la photographie.

07 mars 2007

Dragage du port d'Amsterdam

Il est vrai que l'image de la semaine dernière était plutôt orientée archéologie. Il n'en va pas de même cette semaine et personne n'est avantagé. L'image est brute, sans filtre, sans transformation. La semaine dernière, il s'agissait donc de carrières de marbre antiques aujourd'hui partiellement submergées par les eaux. Ce qui ne prouve pas forcément que le niveau de la mer ait monté car dans des zones aussi sismiques, le niveau de la terre a très bien pu descendre. Ne pas en tirer de conclusions sur la dégradation de la planète donc. Je donne aussi une vue plus large à partir de laquelle la "photo de la semaine" a été recadrée.
Bon courage pour cette semaine, la solution ne me semble pas trop ardue.

Le cinéma et la psychanalyse

L’aviation n’est pas seule à être née à la même époque que le cinéma (cf. article du 17 janv. 2007 Le cinéma et l’avion). La psychanalyse en est également contemporaine et on peut avancer qu’elle l’a passablement influencé.

D’abord le côté onirique du cinéma se prête bien à l’analyse des rêves chère à Freud qui dira pourtant : « Il ne me paraît pas possible de faire de nos abstractions une représentation plastique qui se respecte tant soit peu ». L’aventure est pourtant alléchante pour les cinéastes : quoi de mieux que le cinéma et ses « truquages » pour représenter l’inconscient ? La psychanalyse ne l’entend pas de cette oreille en arguant que le rêve, ce sont avant tout des mots qui sont ensuite projetés en images.

Les rapports père fils, ou encore mère fils fleurissent dans les films de Nicolas Ray (La fureur de vivre, Soudain l’été dernier), les psychiatres dans les films d’Hitchcock (La maison du Docteur Edwards). Le cinéma, depuis Méliès, s’approprie l’illusion individuelle. La caméra entre dans le mental des individus pour nous en donner les représentations subjectives. La transition entre l’objectif et le subjectif est si bien ancrée dans notre culture cinématographique qu’on ne la remarque même plus. Un exemple parmi des milliers : la montée de l’escalier du clocher par James Stewart dans Vertigo (Sueurs froides). Petit rappel : le héros souffre de vertiges dès qu’il grimpe sur une chaise et, dans cette scène, poursuit une femme pendant l’ascension de l’escalier d’un clocher. Son handicap l’empêchera de monter jusqu’au sommet. On le voit donc gravir les marches (caméra objective) puis, à deux reprises, on passe brutalement à une prise de vue subjective. Le spectateur se trouve alors dans la tête du héros. La caméra ce sont ses yeux. Mais pour bien comprendre que nous changeons de « point de vue » et que James Stewart est pris de vertiges, l’image subit un zooming chaque fois, censé simulé le trouble mental.

Il est également fréquent, au cinéma, que nous entrions dans les rêves des personnages. Cette entrée est le plus souvent précédée d’un fondu au flou qui symbolise l’endormissement. Une sorte de signal qui nous avertit : attention rêve. D’ailleurs, par une autre étonnante convention qui nous semble presque naturelle à force de la subir, les mouvements de ces rêves sont souvent ralentis, l’image parfois surexposée, le son absent. On retrouve le fondu au flou pour le « flash back », qui est un saut en arrière dans le temps : le personnage parle du passé, l’image se brouille et on le retrouve, non plus en position de narrateur mais en position d’acteur de la scène qu’il avait commencé de décrire.

En bref, le cinéma réussit à représenter avec des images accolées de symboles (zoom, flou, ralenti) tout ce qui constitue les bases de la psychanalyse. Il met en scène les fantasmes et les rêves et ressuscite le passé d’un coup de baguette magique. Une vraie aubaine pour un scénariste à une époque où la psychologie est en plein développement. Cinéma et psychanalyse, que l’on attendait comme des outils scientifiques, se sont donc très vite échappés des limites cartésiennes pour constituer, en utilisant une symbolique aujourd’hui bien assimilée par tous, deux valeurs fondamentales de nos sociétés contemporaines :

"Tout se passe comme si le cinéma et la psychanalyse, se retournant d’un même mouvement retors contre la trajectoire scientifique qui les portait, manifestaient le désir de tordre le cou à une certaine rhétorique positiviste, pour ouvrir à l’homme imaginaire de l’ère moderne leurs deux perspectives parallèles..." (Roger Dadoun, Cinéma, psychanalyse et politique, Ed. Séguier)

Illustration : 1 - L'escalier du clocher dans Vertigo 2- Maison du propriétaire de l'hôtel dans Psychose