26 octobre 2007

Couple de la semaine


Après deux semaines d'absence un retour facile, en couleurs. Je m'attends à une réponse dans les heures qui suivent ou alors je n'y comprends plus rien à la physiognomonie (ce qui est fort possible). Bravo à Claude qui a tout trouvé d'un coup, les deux, la paire, le couple et pour la femme ce n'était pas facile. Il a dû chercher avec les dates de naissance, mais il y a une tripotée de gens qui sont nés la même année, alors...
Un sondage pour finir. Préférez-vous les portraits ou les énigmes d'objets insolites d'avant. Je connais la réponse pour Zuip-PhB, pour Mini aussi... J'espère avoir de nombreux commentaires et après on avisera.







Le dopage sportif : en finir avec l'hypocrisie


N’ayons pas peur de le dire et de l'écrire : certains sports professionnels riment bien avec dopage, et depuis fort longtemps. Tous les sportifs le savent, les dirigeants s'en accomodent et les instances fédérales en profitent. Ne nous y trompons pas : ce beau monde, dans une ambiance feutrée d’omerta, a fermé les yeux parce qu’il y trouvait son compte. Quand l’ancien sprinter canadien déchu, Ben Johnson, annonce : «sur une ligne de départ de finale du 100m, il n’y a pas un athlète qui soit propre», on peut croire qu’il connaît son sujet. D’ailleurs le problème n’est plus de savoir qui se dope ou pas, mais qui se fait pincer ou pas. Et ceux qui se font prendre sont l’arbre qui cache la forêt. On connaît en effet très bien les temps nécessaires pour que les produits dopants ne laissent plus de trace sur les analyses. Les contrôles positifs pendant les compétitions sont des accidents, provenant d’athlètes peu respectueux des consignes médicales. Pas de quoi se féliciter en ne décelant que 2% de contrôles positifs sur une compétition. Et pourtant, cette fourberie générale qui a régné jusqu’à présent commence à s’effriter. Pourquoi ?

D’abord, qu’est-ce qu’un produit dopant ? C’est un produit, vendu dans le commerce, donc utilisable par chacun de nous, généralement avec ordonnance, mais qui se trouve sur la liste de produits interdits par une instance sportive internationale ou nationale (CIO, UCI, FFA, FFC). Cette liste de produits est souvent modifiée et n’est pas la même selon les instances et les pays. La frontière licite-illicite est donc assez floue, en tout cas fluctuante et relative aux découvertes pharmaceutiques du moment. On n’accusera pas un politicien en campagne de se doper s’il prend les mêmes produits qu’un athlète.

Le phénomène du dopage resterait un non-dit s’il ne faisait pas tant de ravages chez les athlètes. On peut presque parler de comportements suicidaires chez ceux qui acceptent d’entrer dans certains sports professionnels. Le constat est dramatique pour les champions cyclistes : Coppi, mort à 41 ans, Anquetil 53 ans, Bobet 58 ans. Sans oublier les disparus dans l’exercice de leur fonction : Simpson 30 ans, Pantani 34 ans, les suicidés : Koblet 39 ans, Ocana 49 ans. Ainsi que tous ceux qui versent dans la lourde toxicomanie, accoutumés qu'ils sont aux injections et aux psychotropes.

Ces dernières années, un revirement tardif tente d’éradiquer le phénomène parce que le dopage touche maintenant largement le monde amateur avec des sportifs de plus en plus jeunes. Si l’on a pu sacrifier, par le passé, les héros des stades, on ne peut se résoudre à mettre en péril toute la jeunesse sportive. Le sport, dont on a tant vanté les effets bénéfiques, se révèle aujourd’hui dangereux. C’est toute une image qui bascule avec des conséquences désastreuses, pas seulement d’un point de vue éthique mais surtout financier et donc aujourd'hui vital. Les fédérations se nourissent d’une image de marque et de sponsoring privé. Si les héros se transforment en parias, c’est tout un business juteux dont beaucoup de gens vivent qui disparaît, c'est tout le système de financement du sport de compétition qui est touché. La soi-disant lutte contre le dopage fut longtemps un jeu de dupes qui dénonçait quelques moutons noirs (Virenque) pour absoudre tous les autres. Les investisseurs sont confrontés aujourd’hui à cette impossibilité : donner du sport une image valorisante, c'est-à-dire performante et propre, sans que la notion d'exploit soit remise en question. Imaginez une étape du tour de France avec une seule ascension de col? Les héros redescendus simples mortels. Comment idéaliser Monsieur Tout le Monde? Pourtant, les coureurs du tour de France, malgré les contrôles, roulent un peu plus vite chaque année avec des performances que tous les spécialistes mesurent comme «surhumaines». L’athlétisme, à défaut de trouver des sprinters exemplaires, peine à redistribuer des médailles rendues par les vainqueurs condamnés (Marion Jones). On entend alors : "Le mal est plus profond qu’on ne le pensait". A qui veut-on faire croire que les responsables de l’athlétisme et du cyclisme (pour ne citer qu’eux) ignoraient les pratiques obscures de leur sport?

Les solutions existent et on les connaît fort bien : des contrôles inopinés, à tout moment de l’année, répétés et sanctionnés sévèrement, sans échappatoire possible, sans exil temporaire à l’étranger. Des contrôleurs au fait de l’évolution de la pharmacopée. Des suivis médicaux réguliers de tous les champions référencés. Ces mesures ne sont pas appliquées de façon rigoureuse parce que admettre l’ampleur du dopage c’est reconnaître l’absurdité des valeurs sur lesquelles le sport professionnel s'est construit .

On a vite compris, dès les années 1930, que les vainqueurs des stades pouvaient jouer le rôle de héros potentiels. L’héroïsme n’est pas un phénomène nouveau mais il se logeait jusqu’au XXème siècle dans la proximité et l’imaginaire. La proximité de son champ d’action et de sa reconnaissance (village, région), l’imaginaire des légendes, des fables et des contes, bref, situé dans d'autres sphères que celles de la réalité.

Dans le monde scientifique du direct télévisé où nous vivons, le vainqueur doit faire face à deux phénomènes nouveaux : le chronomètre et la mondialisation. Ce n’est pas tout de courir vite, il faut courir le plus vite de tous mais aussi de tous les temps. On connaît l'ensemble des sportifs de haut niveau ainsi que les performances du passé. Le héros, pour conserver son statut dans notre cœur, doit les dépasser et de façon durable. Or le genre humain possède des limites physiques qu’on ne réussit pas à repousser éternellement. Une fois les techniques d’entraînement optimisées, le matériel (chaussures, vêtements, vélos) maximalisé, il devient naturel de recourir à d’autres moyens, chimiques cette fois. La médecine, le vent en poupe, devenue capable de maîtriser et donc de survaloriser certaines fonctions physiologiques devient le compagnon idéal. Le sport ne pouvait pas passer à côté. Les héros resteront sur un nuage, les sponsors investiront, tout le monde (admirateurs et admirés) trouvera sa place. Ajoutons qu’un athlète de 18 ans, à qui on promet monts et merveilles, se moque pas mal de ce qu’il sera à 50 ans. Un sondage effectué sur des adolescents demandant s’ils choisiraient de rester sportif moyen en vivant vieux, ou devenir «star» en mourant à 45 ans est très révélateur : plus de 80% optent pour la célébrité. Doit-on les tenir responsables de cette évolution vers une culture de la gagne, de l’adulation du vainqueur, de la honte au vaincu, de l’anxiété de l’échec ? Pense-t-on vraiment que le jeune sportif se procure ses médicaments à la pharmacie du coin de la rue ?

Est-il sérieux de stigmatiser les sportifs que l’on a propulsés héros en les rendant coupables de tromperies? Le dopage est le résultat d’un état d’esprit de société qui n’admet pas la récession. Les records sont faits pour être battus comme l’économie ne peut que croître. Comment veut-on ensuite qu’une jeunesse pour qui on a érigé la réussite comme seul objectif de vie ne se donne pas tous les moyens d’y parvenir ? «Se dépasser», l’expression maîtresse de notre temps, fait pourtant des ravages mais n’oublions pas que nous en sommes les uniques responsables et que nous n'avons cessé d'encourager ces valeurs-là. Abstenons-nous de huer les héros qu’on adulait quand ils sont pris en faute, de les taxer de «tricheurs» en les enfonçant dans le désespoir et la toxicomanie. Ils ne sont que les victimes logiques d’un processus infernal. Grisés par la notoriété de leurs succès, nous avons feint trop longtemps de l’ignorer.
C’est toute notre société qui triche avec eux. Nous réclamons des héros pour alimenter nos fantasmes mais refusons qu'ils utilisent les procédés techniques leur permettant d'assumer leur statut de surhommes. Nous voulons en même temps que nos champions transgressent les limites physiologiques mais renonçons à excuser leur moindre défaillance quand ils forcent le destin pour rester à la place où on les a hissés. Etrange attitude que celle d'un public assoiffé de victoires qui ne pardonne jamais la défaite, qui demande à ses favoris une perfection éthique en exigeant des performances inhumaines. Voilà quelques éléments qui donnent à réfléchir avant de condamner à l'emporte-pièce les athlètes médiatisés.

Illustration : Marion Jones, JO de Sydney 2000 ; Justin Gatlin, 100m, JO Athènes 2004, tous deux convaincus de dopage.

Cet article est publié sur AgoraVox

09 octobre 2007

Vladimir Poutine et Chantal Goya



En voilà deux nouveaux qui ont des photos qui leur ressemblent. Mais les éléments sont assez minces cette fois : un oeil et un bout de nez, une bouche, visiblement retouchée. Toutefois ce sont deux traits qui les caractérisent bien, l'un comme l'autre. Je suis pas sûr qu'il forment un couple parfait, ne s'occupant pas du tout des mêmes domaines. Mais on ne sait jamais, parfois les extrêmes... Et puis ils n'ont pas le même âge. Elle a dix ans de plus que lui.



L'artiste, orphelin de ses fonctions


Le mot « artiste » apparaît à la fin du XIVème siècle pour marquer une connotation d’excellence. Depuis l’Antiquité on ne séparait pas l’artiste de l’artisan. Le grec ne possède qu’un seul mot « technétès » et le mot latin « ars » désigne l’habileté, le métier, la connaissance pratique et technique.
Ce n’est qu’au XIXème siècle que le mot prend son sens actuel, sens déjà controversé dès le début du XXème siècle. Il demeure évident que dans un monde où la production connaîtra la révolution industrielle, le rôle de l’artiste ne pouvait que se transformer et il faut en prendre toute la mesure. En un siècle, l’art a en effet perdu ses trois fonctions principales pour les voir remplacées ou supprimées. Cette évolution n’est pas le fruit du hasard. Elle s’inscrit parfaitement dans un courant technologique et intellectuel. Mais si l’art confine aujourd’hui à l’immatériel pour devenir une idée, éphémère et génératrice de sensations cela n’ira pas sans une remise en question radicale de tout ce qui gravite autour de lui, à commencer par ses institutions mais aussi ses pratiques et ses arènes.

La fonction informative
Lorsque David peint « Le sacre de Napoléon », grandeur nature, il exécute une commande de l’Empereur et joue ainsi le rôle de celui qu’on appelle aujourd’hui en Angleterre «le photographe officiel de la Cour», celui par qui l’information du couronnement va passer pour être transmise. L’expédition militaire de Morée (1828-1833) tout comme celle d’Egypte de Bonaparte sont accompagnées de missions scientifiques composées de « savants » et de peintres qui produiront un travail descriptif considérable. Elles donneront lieu à des publications d’une richesse exceptionnelle qui restent encore aujourd’hui références. Mais on découvre, à cette occasion, que les peintres illustrateurs nous ont menti, à force d’imagination romantique débordante. La photographie et sa reproduction imprimée feront le reste et on prend ses distances, dès le milieu du siècle, par rapport à la peinture et au dessin jugés trop subjectifs, générateurs d’erreurs et d’interprétations personnelles à une époque encore très accrochée à l’objectivité.

La fonction idéologique
Elle est inhérente à l’art depuis l’Antiquité, mais pas exclusive comme le prétend, à tort, Régis Debray (Vie et mort de l’image Gallimard-1992). L’art est essentiellement religieux jusqu’à la Renaissance et sa fonction idéologique subsistera jusqu’au milieu, voire la fin du XXème siècle pour les démocraties populaires qui voyaient là un moyen de glorifier les lendemains qui chantent. En 1934 Dali est exclu du mouvement surréaliste par Breton qui lui reproche ses «actes contre-révolutionnaires» (en réalité ses prises de positions politiques). La fin des idéologies comme systèmes dominants en occident marque le déclin de cette fonction de l’art qui lui avait procuré la majorité de ses inspirations, de ses commandes et donc de ses subsides. L’art n’est plus aujourd’hui au service d’idées politiques ou religieuses mais, toutefois, s’exprime encore volontiers contre certaines formes de pensées jugées subversives (consommation, pollution, ségrégation), contre l'oppression ou la censure.

La fonction esthétique
L’histoire de l’art regorge de traités, de règles destinés à définir le « beau ». Depuis l’Antiquité avec Vitruve (Ier siècle av. J.-C.), puis Plotin (IIIème siècle ap. J.-C.), les normes, reprises à la Renaissance en particulier par Alberti et Léonardo avec son célèbre« homme de Vitruve », seront utilisées par la majorité des artistes jusqu’à la fin du XIXème siècle pour s’effriter au début de l’impressionnisme. La tendance ne fera que se renforcer à la suite de la connaissance approfondie, au début du XXème siècle, des arts non-occidentaux qui ne respectaient bien évidemment pas les mêmes canons. Politiquement et humainement, on ne peut plus ignorer les autres cultures à cette époque, au risque de cautionner un colonialisme suspect et un nombrilisme en désuétude. Les théories se veulent généralistes et tombent d’elles-mêmes quand l’universalité se trouve prise en défaut. Connaître, comme aujourd’hui, les créations de la planète, c’est relativiser sa propre culture, son propre « bon goût » jusqu’à rendre absurde tous canons esthétiques. A partir de 1907 et les débuts de l’art moderne, difficile de parler de «beau», à défaut d’une cohérence dans la définition.

Et le fonctionnel direz-vous ? On l’évacue de la stricte notion d’art en inventant l’expression «arts appliqués» dans les années 1860 (qui donnera le « design » vers 1950). L’artiste souhaite par là se démarquer de la production et, ce faisant, commence à s’interroger sur la matérialité de l’oeuvre elle-même : Duchamp (depuis 1913) en passant par le groupe Fluxus (vers 1960). Le design peut être vu comme une adaptation de la création aux moyens et aux usages modernes de production des objets. On peut lui reprocher son absence de contact avec la matière, le rôle de second plan laissé au créateur entravé par des contraintes multiples, il n’en reste pas moins un art à part entière, quelque soit la définition proposée, et s’inscrit dans une démarche similaire à celles qui prévalaient jusqu’au XIXème siècle.

Cette évolution, qu’on dirait presque naturelle, de l’art vers le « conceptuel », cette suppression de ses principales fonctions, peut aussi mener à l’impasse. Après avoir remis l’œuvre en question, l’auteur risque fort d’en faire les frais et le public de se lasser de son rôle de spectateur passif d’un débat d’idée qui ne le concerne pas. On peut même, à l’extrême, imaginer une tendance vers un art sans œuvre et sans acteur (Stephen Wright : Vers un art sans œuvre, sans auteur et sans spectateur, in XVe Biennale de Paris, 2007). Cette aporie pourrait être la funeste conséquence de la volonté de faire diverger, à tout prix, l’objet et le discours qui le concerne.

Ce qui reste sûr est que cette évolution fondamentale du monde de l’art implique nécessairement une redistribution des rôles qui tarde pourtant à se mettre en place.

La mission des institutions
Quel est le rôle d’un musée pour un art qui ne laisse pas de trace ? Le rôle d’une galerie pour une absence de produit fini ? Que doit-on enseigner dans une école d’art quand la technique n’est plus une valeur reconnue ?

La valeur marchande
On ne peut que le déplorer. Quand on parle d'Art aujourd'hui, on parle moins de sensations que d'argent. La FIAC qui vient d'ouvrir ses portes en est un bel exemple. Pour l'avenir, sachant que les principaux acquéreurs d’art contemporain sont les musées (qui culpabilisent de manquer un courant essentiel comme l’impressionnisme par le passé), les banques (qui y voient là un placement) et les collectionneurs qui investissent, les acheteurs potentiels privés sont-ils prêts à payer des sommes importantes pour des idées qui ne produisent aucun objet tangible, durable, capable d’être exhibé ? L’art (installations, art éphémère, art vidéo) est-il destiné alors à devenir un simple pourvoyeur de musées ?

Le statut de l’artiste
En s’échappant du cycle mercantile de la vente d’un produit fini, l’artiste ne doit-il pas inventer ses nouvelles fonctions ? Générer des sensations chez un public devenu actif (comme cela semble être la tendance actuelle) sera-t-il suffisant pour que l’artiste trouve une place qui ne consiste pas seulement à occuper le terrain médiatique, en jouant le rôle du marginal romantique qu’attend de lui une société de loisir ?
Ou bien l’artiste peut-il s'accommoder d’un statut sans la fonction qui lui est dévolue… mais alors de quelle manière ?

Illustration : haut - Malévitch, Carré blanc sur fond blanc, bas - Yves Klein, Monochrome
Pour la discussion, l'article est publié sur Agoravox

03 octobre 2007

Charles Berling et Vanessa Paradis



Je reste étonné de votre perspicacité. Découvrir un personnage grâce à l'image de ses jeux, n'est-ce pas miraculeux ? Surtout quand il s'agit d'une photo d'un adolescent, comme Marcel Proust à 16 ans, où encore d'une star qui n'a pas duré très longtemps comme Ophélie Winter, la fille du créateur de "Lady Mary", dans les années 70.
En voilà deux nouveaux qui ont presque le même âge, celui de leur photo. La Dame sera plus facile que le Monsieur je pense, mais vous n'en finissez pas de me surprendre, alors je m'attends à une bonne réponse pour les deux dans la journée. A vos trombinoscopes.


Les voici en entier, la tête du moins. Je dois confesser avoir choisi des images qui ne me paraissaient pas très "ressemblantes" et ce fut dur pour vous. Ju a dû consulter Internet muni de mes indications et Mini a (il faut l'avouer) bénéficié de mon aide. Comme quoi, on est accoutumé à des images stéréotypées des "people" et, ne les rencontrant que par ce biais-là, on ne les reconnaît plus quand les conventions ne sont plus respectées. Avouez tout de même qu'ils sont très célèbres ces deux-là, bien plus que Proust à 16 ans...