26 mars 2008

Plafond d'une grotte de l'Antarctique

Voici une image qui n'est pas très bonne et que je dois avouer avoir volée sur un site. Aucun artifice et dans le bon sens. De quoi vous donner le moral !
Encore merci à Claude et sa vue aérienne de rizières et de serres (prise dans quel pays?) qui a intrigué pendant toute la semaine. Bravo à Scarpino pour avoir su prendre du recul et resituer l'échelle. N'hésitez pas à proposer d'autres images pour peu qu'elles satisfassent aux critères demandés. Je suis moi-même, après deux ans et plus de cent mystères, un peu à court pour en trouver avant l'été, époque où je referai le plein, soyez-en sûrs.

Tibet : éviter la dérive émotionnelle

A l’heure où toute la presse et les chaînes de télévision prennent fait et cause pour le «combat du peuple tibétain» et contre la «répression sanglante» des autorités chinoises, n’y a-t-il pas lieu, en s’éclairant des événements du passé, de s’interroger sur les prises de position occidentales face aux conflits de ces dernières décennies, en essayant de comprendre la pression que les médias exercent pour influencer les opinions ?

Dans le cas du Tibet nous assistons aujourd’hui à un matraquage de l’information qui semble avoir trouvé là un sujet porteur et n’émet pas le moindre doute quant à la responsabilité de ce que certains appellent même un « génocide culturel ». Ce monde journalistique semble en effet aujourd’hui œuvrer vers la simplification en distribuant les rôles : celui du bon et donc aussi celui du méchant. Tout comme George Bush, pourtant tellement moqué, qui évoquait les « forces du mal » pour justifier sa guerre en Irak.

Quand on examine rétrospectivement les événements, il est curieux de constater que, presque chaque fois, les médias occidentaux ont pris une position unilatérale et définitive pour l’un des belligérants. Chaque fois les journalistes sortent de leur rôle qui devrait rester celui d’informer pour se transformer en sorte de justiciers détenteurs de vérités premières. Et pourtant, souvent les héros, une fois détenteurs du pouvoir, déçoivent. Au point même que parfois on en vienne à exprimer des regrets. Cette attitude médiatique se fonde sur un principe simple : à un mal ne peut succéder qu’un bien. Forte de son expérience, l’histoire aurait dû enseigner que le pire est souvent à venir.

Toute l’Europe a soutenu la «juste lutte du peuple nord-vietnamien» face à l’ogre américain. Le régime khmer de Pol Pot avait la sympathie de toute l’intelligentsia française, depuis Sartre jusqu’à Foucault, qui l’exprimait dans les colonnes des journaux de l’époque. Toute la presse a conspué le Shah d’Iran en applaudissant à tout rompre le retour triomphal de l’ayatollah Khomeini. Tous les médias ont pris parti pour le père Aristide contre Duvalier et ses Tontons Macoutes, figures emblématiques de tueurs sanguinaires. Il arrive même que, sans crier gare, les sympathies se retournent : Saddam Hussein a longtemps joué le rôle du bon avant d’endosser celui du diable en 1991, au début de la première guerre du Golfe. Et pourtant le gazage des populations kurdes date de 1988, trois ans avant sa diabolisation. La volte-face fut si rapide que les pilotes des avions Mirage que la France venait de vendre étaient encore en stage de formation dans notre patrie des «droits de l’homme» quand le conflit a éclaté. Quand la vérité est compliquée on ne peut la dire que de manière compliquée (Pierre Bourdieu). Et rendre compte de la complexité paraît aujourd’hui au-dessus des forces médiatiques qui se contentent, le plus souvent, d’une simplification enfantine et manichéenne.

Les années 70 sont le point de départ en même temps du soutien politique à tout crin pour des régimes que l’on croit justes et de la compassion humanitaire relayée par le drame en direct à la télévision. La presse américaine s’attribue la victoire dans sa lutte pour mettre un terme aux opérations vietnamiennes. Ces années coïncident avec la prise de conscience par la télévision de son influence sur l’opinion, par ricochet sur le politique et donc de son immense nouveau pouvoir. C’est à partir de cette époque, en s’appuyant sur une opinion qu’elle a elle-même forgée, que la sphère médiatique se sent investie d’un rôle moral qui consiste à séparer le bien du mal. A partir de cette époque, et en utilisant souvent à son insu les ONG, qu’elle lance des croisades mondiales pour un monde meilleur, c’est-à-dire qui lui ressemble. Ce faisant, elle s’octroie, par assimilation avec les pays où elle agit, un rôle de donneur de leçons comparable à celui de la diplomatie coloniale du XIXème siècle ou encore celui des pères de l’église dans leurs missions évangélisatrices chez les bons sauvages..

Cette emprise des médias sur l’opinion se fait par l’intermédiaire des images présentées comme la seule vérité possible. Les photographies émeuvent et en même temps signent une garantie d’authenticité. Comment, dès lors ne pas résister à la tentation de la mise en scène ? Très vite la dérive devient avérée, l’imposture fréquente. Rony Brauman écrit à propos du Biafra et ses enfants faméliques : A peine inauguré, le témoignage humanitaire rencontrait déjà ses limites dans l’instrumentalisation des images de détresse. Souvenons-nous de la mise en scène de la chute de Ceaucescu présentée comme un soulèvement populaire en direct contre le dictateur, les faux charniers de Timisoara. Plus grave, puisque lourde de conséquences, la diffusion télévisée du témoignage de cette inconnue qui souhaitait garder l’anonymat pour éviter les représailles : elle racontait, la gorge noyée de larmes, un massacre de 319 nourrissons dans un hôpital koweitien qui émut tant que les parlementaires du Congrès, par seulement cinq voix de majorité, donnèrent le feu vert à l’opération «Tempête du désert». L’opération fit directement et indirectement près d’un million de morts et des centaines de milliers de blessés. Rony Brauman remarque encore : Qui s’est intéressé au sort des civils irakiens pour lesquels nul « corridor de tranquillité », nul « couloir humanitaire » n’a paru nécessaire ? L’inconnue n’était autre que la fille de l’Ambassadeur du Koweit aux Etats Unis qui possédait assurément de grands talents théâtraux. On peut légitimement penser que ce conflit mondial aurait pu tourner différemment si la chaîne avait pris soin de vérifier l’information du massacre des nourrissons.

On en vient aujourd’hui à mesurer les chances d’une opération humanitaire non pas au désarroi de la population concernée mais à sa visibilité. Lu hier encore dans le Monde l’interview du représentant de l’ONU en Somalie : La Somalie est abandonnée par la communauté internationale. Question du journaliste : Avez-vous du mal à mobiliser l’attention sur la Somalie ? En effet, le problème se pose en ces termes. Le soulagement d’un désastre humanitaire est fonction de son écho médiatique. Difficile d’oublier la remarque d’un responsable de l’information d’une chaîne de télévision à propos de cette même Somalie qui déclara un jour : les téléspectateurs sont las de ces drames africains, désespérément semblables à eux-mêmes au fil des années. La bonne conscience médiatique n’a, en revanche, pas été blessée d’assister sans broncher au génocide rwandais qui fit entre 500 000 et un million de morts selon les sources. Il faut dire que le conflit tombait mal et que comme le rapporte Philippe Boisserie, la consigne de la direction de l’information de France 2 était en avril 1994 : Tu fais l’évacuation des Français et puis tu rentres, on n’est pas là-bas pour faire des sujets sur les noirs qui s’entretuent, de toute façon, ça n’intéresse personne.

En revanche aujourd’hui le Tibet paraît intéresser alors que les problèmes datent de 1950. La proximité des Jeux Olympiques rend le suspense à son comble. Boycott, pas boycott, sondages, prises de position, fausse objectivité médiatique : on entend uniquement les athlètes favorables à une action symbolique en faveur des « droits de l’homme » alors que la grande majorité, plus préoccupée de ses performances, reste favorable à la tenue des jeux sans aucune réserve. On fait venir sur les plateaux des acteurs convertis au Bouddhisme qui louent les vertus des moines tibétains. Avant-hier banderole déployée par des exilés tibétains à Paris le front ceint du bandeau pendant une émission de télévision. Hier à Olympie, banderole brandie par trois membres de Reporters sans frontières au départ de la flamme. Un scoop qui fait ce matin plus de bruit que la cérémonie elle-même. Pas d’image du conflit, simplement des plans d’archives qui ne montrent rien d’autre que touristique, parce que, précise-t-on, les reporters sont interdits de Chine… comme ils l’ont été de la Guerre du Golfe, mais qui s’en souvient ? Nombre de morts tibétains fluctuant (une dizaine, plusieurs dizaines, au moins 140, selon les sources), informations incertaines.

Prendre parti implique un minimum de connaissances sur la question. Or que savons-nous au juste d’une révolte menée, semble-t-il, par des religieux qui revendiquent au delà de leur « chef spirituel » le Dalaï Lama ? Que savons-nous d’un gouvernement en exil devant lequel le médiatisé Dalaï a promis de s’effacer mais qu’on n’entend pas, ou à qui personne ne donne la parole ? Que penser de ce saint homme «découvert» à l’âge de trois ans, d’essence quasi-divine et vénéré comme tel, capable de générer une véritable théocratie, système politique aux senteurs d’une autre époque ? L’indépendance du Tibet déboucherait-elle sur un état religieux ? Que savons-nous des problèmes intérieurs de la Chine, ce gigantesque état de 1,3 milliards d’individus qui redoute un éclatement de ses régions ? Que savons-nous du sort réservé aux 1,5 million de Chinois Han (pour 5 millions de Tibétains) résidant au Tibet si l’indépendance était prononcée ? Les indépendantistes dans un conflit ont-ils toujours raison ? N’est-il plus concevable, comme l’ex-Yougoslavie tend à le montrer, de regrouper des populations différentes pour vivre dans un même état ? L’île de Formose, ennemi juré, ne vient-elle pas d’élire un Président favorable au rapprochement avec la Chine ? La réalité du terrain serait-elle plus complexe que le simplisme journalistique voudrait nous le faire croire ?

Il n’est pas ici question de nier le colonialisme chinois au Tibet mais de s’étonner que l’information semble soudain s’en émouvoir et prendre violemment parti en faveur d’une insurrection pour laquelle elle manque cruellement de renseignements. Ou plutôt de constater que la proximité des Jeux Olympiques rend le sujet vendable et que les indépendantistes tibétains savent bien en tirer profit, on ne saurait leur en vouloir. Je citerai, en conclusion, une phrase de René Backman, journaliste au Nouvel Observateur, spécialiste de l’Asie et du Proche Orient : D’approximation en simplification, l’incompétence ajoutant à la manipulation, les médias ont fini par oublier leurs repères et laisser la communication, insidieusement, se substituer à l’information. Quant au Tibet, il serait bon que l’information remplisse enfin son rôle d’aide à la compréhension plutôt que de nous entraîner, en utilisant des moyens contestables, dans des réactions émotionnelles, certes porteuses d’audience, mais sans lendemain.

Cet article est publié sur Yahoo et sur Agoravox

20 mars 2008

Rizières vues du ciel


Je suis très heureux de constater que les intervenants mettent en ligne des images mystérieuses à découvrir. J'attire pourtant leur attention sur deux points :
- L'image doit être d'une qualité suffisante pour que la difficulté de reconnaissance ne soit pas due à sa piètre définition ou à une intervention informatique qui la rendrait méconnaissable. Le mystère doit rester sur l'objet et pas, par exemple, sur les quelques pixels résultant d'un agrandissement démesuré.
- Le but du jeu n'est pas que le mystère reste inviolé mais que le spectateur perçoive une réalité qu'il a déjà appréhendée mais avec une approche différente. En clair, je préfère une image étrange d'une prise de courant plutôt que celle d'un objet qui n'existe qu'en trois exemplaires dans le monde et que peu de gens auront la chance d'avoir vu.
Le toit était, à mon sens, un bon sujet mais la qualité de l'image l'a rendue abstraite. Enfin pas pour tout le monde, heureusement que Claude était là. Claude qui nous propose aujourd'hui cette énigme qui n'est pas un modèle de qualité technique. On verra bien si cela en inspire certains...

12 mars 2008

Harnachement d'un cheval de fête foraine

Un grand merci à Claude qui nous a offert le bonnet du garde de Buckingham Palace avec un morceau à proximité qui reste encore à déterminer. Rendons à César ce qui est à César, Marsyas a donc découvert la souris de la semaine dernière, idée reprise et précisée par Ju. Espérons que Scarpino sera dans le bon "timing" cette semaine. L'énigme n'est pas très facile mais ce n'est pas une oeuvre d'art contemporain (je précise pour Scarpino). Une image avec laquelle on peut se laisser aller... Bon courage à tous.
P.S. La photo est dans le bon sens, sans filtre ni autres chichis.

L'impossible image du Président


Nous vivons ces derniers mois une étonnante contradiction quant à l’image présidentielle. L’actualité concernant le chef de l’Etat est de plus en plus fournie, l’intérêt du public de plus en plus marqué mais, paradoxalement, sa cote auprès de l’opinion s’écroule comme jamais en si peu de temps sous la Vème République. Nicolas Sarkozy intéresse mais c’est à son désavantage. Notons toutefois que ces jugements négatifs ne favorisent pas l’éclosion d’un leader de l’opposition et ne correspondent pas non plus à une forte érosion de la droite comme on vient de le constater aux élections municipales où la poussée de la gauche est sans commune mesure avec la dégradation de la popularité du chef de l’Etat. C’est véritablement la personnalité du Président qui est remise en question, son image, indépendamment des valeurs que peut porter sa politique et de l’évolution de ses concurrents.

Quand l’hebdomadaire Marianne, qui nous avait habitués à mieux, titre : Le vrai Sarkozy, ce que les grands médias ne veulent pas ou n’osent pas dévoiler, une couverture digne des pires tabloïds anglais ou italiens qui resitue sans ambiguïté l’hebdomadaire au niveau de Closer, il tire à 500 000 exemplaires et voit, globalement pour 2007, sa position anti-Sarkozy gonfler de 34,9 % ses chiffres de vente. L’Express interviewe le 13 février Carla Bruni et imprime 600 000 exemplaires. En 2007, 252 couvertures ont été consacrées à « l’univers Sarkozy ». On parle dans la presse d’un « effet Sarkozy » qui a véritablement dopé les ventes d’un secteur morose. Parallèlement, la cote des satisfaits de l’action de Président est passé de 65 % à 37%, celle des mécontents de 31% à 61% soit pratiquement le double en 9 mois (TNS- Sofres). De surcroît, on ne peut pas prétendre que Nicolas Sarkozy soit un inconnu du grand public, que l’électorat ait été surpris par un homme qui cachait son jeu. Souvenons-nous, le Karcher, la trahison balladurienne, ses déclarations de Ministre de l’Intérieur. Alors comment expliquer un dérapage si rapide et dévastateur pour son image ? Comment expliquer qu’en l’espace de neuf mois, près de la moitié de ceux qui ont voté pour lui ne le ferait plus aujourd’hui ?

D’abord il est temps de réviser l’opinion qui persiste à penser que les grands groupes de médias sont à la solde du pouvoir en place. L’expérience montre que la presse, tout en ayant sa part de responsabilité sur les choix du public, suit les courbes des sondages. Elle navigue là où elle peut faire du chiffre et ne craint pas les basses eaux. Ce n’est pas un hasard si ceux qui présentaient du Président une image positive au printemps dernier le flagellent aujourd’hui de leurs articles assassins. Toutes les rédactions savent bien qu’un média signerait son arrêt de mort en s’inféodant à un courant politique. C’est un des nouveaux travers des médias que celui de caresser systématiquement l’opinion dans le sens du poil, quitte à laisser les minorités de côté.

Ensuite, le consensus qui existait entre le pouvoir et les journalistes n’a plus cours. Toute la presse connaissait la double vie de Mitterrand, les maîtresses de Chirac et les écarts de nombreux ministres… mais toute la grande famille médiatique se taisait pour être admise dans la cour présidentielle et gare à celui qui lâcherait le morceau. Le SMS à Cécilia tant commenté, révélé par Le Nouvel Observateur, apporte la preuve d’un autre nouveau penchant des médias, bien plus dégradant celui-là, et montre bien que le consensus a vécu : il n’y a plus aucune règle pour ternir une image et tous les coups sont permis pourvu que le public en redemande. La presse y perd en respectabilité mais y gagne en audience et c’est là toute la perversion du système auquel les politiques ont adhéré en mettant en scène leur vie privée.

Le proche passé (Jospin, Balladur) a montré qu’un prétendant ne pouvait se passer d’une campagne de proximité. Etre élu revient aujourd’hui à étaler son intimité en misant sur le principe qu’un électorat choisira un candidat du même monde que lui, un représentant conforme à son image. Le bruit court dans les partis qu’on ne peut plus dépersonnaliser la fonction, entendons par là qu’on ne peut plus maintenir une distance entre les hommes en vue et leurs électeurs.

On a remarqué également que toute vérité n’était pas bonne à dire : reconnaître, comme l’a fait Lionel Jospin, que le Président ne peut pas tout dans une société mondialisée, européanisée et privatisée est très mal perçu. Constater, comme François Fillon, que les caisses sont vides quand on a tant promis est vécu comme une trahison. Il faut donc, pour être élu, que le candidat soit en même temps humain et donc faillible mais qu’il détienne des pouvoirs surnaturels. On entre dans le cycle infernal des promesses intenables parce que, compte tenu du pouvoir déclinant des politiques et des aspirations montantes de l’électorat, les miracles se feront encore attendre. Nicolas Sarkozy a poussé le processus à son extrême en misant sur la vérité et la confiance (les deux maîtres mots de sa campagne). Pourtant encore aujourd’hui, tout le monde admet, y compris ses adversaires, qu’il a mené une très habile stratégie électorale, mais les électeurs se réveillent à la fin de l’hiver avec la gueule de bois. Le rêve prend fin et l’image présidentielle du dynamisme entreprenant s’efface brutalement.

Il est commun de dire que trop d’images tuent l’image. C’est le problème de l’érotisme face à la pornographie qui introduit la notion d’obscénité. La séduction doit préserver des pans de mystère pour perdurer. On a tout montré de Sarkozy. Il en a joué pour se faire élire mais ces armes se retournent maintenant contre lui. La photo de Paris Match du bourrelet retouché est significative : le public veut des héros mais dans le réel. Pas question d’arranger la vérité, de la travestir. A partir de l’instant où l’on exige une transparence totale de celui qu’on a élu (et s’il ne la donne pas la presse s’en charge pour lui) il faudra assumer d’amères déceptions. Plus inquiétant encore : personne ne pourra à l’avenir jouer le rôle du héros réaliste très longtemps. Nous dirigeons-nous vers des élus Kleenex à jeter sans remords après un court usage ? Ou encore à des pourvoyeurs de rêves qu’on abandonnera dès qu’ils se frotteront à la réalité ? Si cela devait être le cas, le bien fondé d’un système présidentiel au suffrage universel serait mis à mal.

Notre système de représentation est tel qu’il confère à un personnage élu par 37 millions de Français une responsabilité exceptionnelle. On façonne, à travers les urnes et les images médiatiques, une sorte de surhomme, proche du mythe. Comme on l’a vu, il intéresse plus que jamais, mais en même temps il déçoit de plus en plus rapidement quand il ne remplit plus son rôle de personnage d’essence supérieure. Ce n’est pas nouveau et tous les derniers Présidents ont connu ces baisses quelques mois après leur élection. Mais cette tendance s’accélère aujourd’hui en prenant de l’ampleur. C’est le prix que les politiques paient pour avoir instauré des rapports affectifs avec le public. Les passions s’épuisent quand elles ne sont pas entretenues et le « tout montrer et tout dire», devenu indispensable pour accéder au pouvoir, est la pire des stratégies amoureuses.

Même si l’on souhaite qu’il nous ressemble, on ne supporte pas que le Président se comporte comme nous, c’est-à-dire avec des faiblesses (casse-toi sale con), des tics, des passions changeantes et peu raisonnables (Carla Bruni). On rit de le voir courir mal, prendre du ventre. Dans notre inconscient, il n’a plus de place en tant que Président chez les humains rongés de failles que nous sommes. C’est face à cette impossibilité que l’opposition peine tant à choisir une politique de gestion responsable compatible avec une stratégie de prise de pouvoir. Il y a là une contradiction à résoudre qui rend l’image d’un Président impossible. Car elle doit satisfaire à la fois des exigences de réalisme—tout en faisant rêver — pour se faire élire, et des vertus de mythe — tout en pratiquant une gestion devenue brutalement pragmatique — une fois élu.

L'article est publié sur Yahoo actualités et sur Agoravox

07 mars 2008

Souris sur son tapis

Une image sans artifice cette semaine que tout le monde peut reconnaître, croyez-moi.
La semaine dernière fut riche en commentaires et en hypothèses mais personne n'a finalement découvert l'accessoire pour arc byzantin, même les archers comme moi... Bravo à Marsyas pour avoir proposé un objet aussi insolite. J'en profite pour encourager les lecteurs de ce blog à présenter des images comme l'avait fait Ju l'année dernière et comme vient de le faire Marsyas (je ne parle pas de Mini qui présente des photos sans même le savoir, c'est-à-dire que je les présente pour elle). N'hésitez pas donc à vous lancer dans l'aventure sans oublier de suivre et de diriger les commentaires après la parution de votre image sur le blog.

01 mars 2008

Siper : accessoire d'archerie ottomane


Quitte à plancher sur cette image, autant qu'elle soit vue directement sans passer par les commentaires. Voici donc, pour ceux qui n'auraient pas suivi, une image de Marsyas qui comble le vide de cette semaine et surtout qui ouvre la porte à des contributions de la part des lecteurs de ce blog.
Difficile semaine précédente, trop peut-être dans la mesure où l'objet n'était pas reconnaissable quand l'image présentait une association de peinture contemporaine et d'architecture du XIIIème siècle (rénovée et restaurée). Je tiens à préciser que mon but n'est pas que l'énigme de la photo demeure sans solution, ce qui serait assez facile. Je préfère imaginer le spectateur surpris, désorienté, mais interpelé par une représentation d'une réalité qu'il connaît sans l'avoir jamais perçue de cette façon. Ce n'était donc pas le cas de cette peinture contemporaine. J'espère donc faire mieux la prochaine fois.
Je cède la parole à Marsyas pour les commentaires de l'énigme d'Istanbul.